On connaissait les procès chez les grandes entreprises technologiques comme Apple vs. Samsung autour des brevets. Dans le monde des sondeurs une bataille judiciaire et médiatique se joue depuis 2014 entre Lowrance et Garmin autour de l’imagerie 3D verticale.
La bataille porte sur l’utilisation aux états unis (et seulement dans ce pays) du DownScan Imaging dont Lowrance a déposé le brevet. Ce brevet détaille comment le DownScan Imaging est implémenté par Lowrance. Garmin aurait exploité le brevet avec son DownVü de manière abusive selon la maison mère de Lowrance, Navico.
L’équivalent du tribunal de commerce aux états-unis pourrait condamner Garmin à un dédommagement de 37 millions de dollars.
[Edition le 7 février 2018] Le conflit s’est conclu par un accord commercial entre Navico et Garmin. L’accord prévoit de partager les futurs brevets pour sceller la dispute. Lire le communiqué de presse en anglais.

Le brevet en question
Le brevet de Navico/Lowrance déposé en juillet 2009 définit l’utilisation du DownScan Imaging dans le même boitier que la fonction primaire (2D) avec des éléments (piézoélectriques) dédiés à cette tâche. Pour les curieux, voici le brevet rédigé en anglais.
Garmin avec son DownVü utiliserait ce brevet sans dédommager Navico. Avec le premier procès perdu, Garmin a dû contourner le brevet en créant un nouveau procédé nommé ClearVü. Au lieu d’avoir des éléments dédiés au DownScan Imaging dans le transducteur, l’astuce est d’utiliser deux faisceaux latéraux qui sont agrégés par un traitement numérique. On obtient grâce à ce traitement une image similaire au DownScan/DownVü. A noter que sur les appareils de moyenne gamme Humminbird ce procédé est également utilisé.

Le temps de la riposte médiatique
La guerre entre les deux sociétés ne s’arrête pas là. Lowrance a publié en mars une vidéo comparative des performances de l’imagerie verticale d’un Elite TI contre un Garmin équipé du ClearVü.
Dans cette vidéo, en anglais, Lowrance démontre la faible qualité du ClearVü en argumentant que leur solution technique de deux faisceaux latéraux agrégés fait perdre des informations de ce qui se passe sous le bateau. Selon Lowrance, il existe un trou entre les deux faisceaux latéraux, on perdrait donc des informations et les images seraient distorsionnés. La vidéo montre en effet un décalage de qualité et de netteté en faveur du Lowrance Elite TI, le Clear Vü de Garmin affiche bien moins de détails.

Que penser de cette affaire ?
Il faut faire attention avec cette vidéo qui est clairement orientée pro-lowrance, les deux sondeurs ne fonctionnent pas en même temps, les réglages de sensibilité peuvent être en défaveur de Garmin, nous aurions aimé une vidéo plus neutre pour défendre l’argumentaire..
Ce qui est assez étonnant c’est qu’en mode SideVü/ Side Imaging un élément détecté directement sous le bateau est affiché à la fois à gauche et à droite, preuve qu’il n’y a pas de trou dans le faisceau. En revanche il est vrai que sous le bateau on est en bordure des deux faisceaux, il est possible que la qualité de détection sur ces bordures soit moins bonne qu’avec un transducteur dédié à cette tâche.
![0ta5[1]](https://echosondeurs.files.wordpress.com/2017/06/0ta51.jpg?w=1080)
Cette attaque médiatique est clairement destinée à mettre le doute dans la tête des clients et ainsi convaincre Garmin d’utiliser le brevet et leur payer des royalties. Humminbird de son côté exploite le brevet avec des éléments piézoélectriques dédiés pour les sondes Mega Imaging, le reste de la gamme utilise le même procédé que le ClearVü, deux faisceaux latéraux agrégés.
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